Calcul du forfait social: le guide complet pour sécuriser vos déclarations en paie

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Calcul du forfait social : maîtriser son calcul pour sécuriser vos charges sociales

Le calcul du forfait social est devenu un enjeu majeur pour les entreprises qui souhaitent sécuriser leurs déclarations sociales, optimiser leurs coûts et éviter tout risque de redressement URSSAF.
Cette contribution exclusivement patronale intervient dès qu’une rémunération est exonérée de cotisations sociales tout en restant soumise à la CSG.
Elle concerne surtout l’épargne salariale, la prévoyance complémentaire et certaines rémunérations accessoires.

1. Le forfait social : définition et logique du dispositif

Le forfait social est une contribution créée pour rééquilibrer le financement de la Sécurité sociale.
Avant son introduction, plusieurs dispositifs d’épargne salariale ou de prévoyance échappaient presque totalement aux cotisations sociales. Le législateur a souhaité éviter que certaines formes de rémunération profitent d’un avantage trop important par rapport au salaire classique.
L’employeur en est l’unique redevable. Le salarié, lui, ne voit jamais cette contribution apparaître sur son bulletin de paie. En pratique, le forfait social s’applique dès qu’un versement bénéficie d’une exonération de cotisations mais reste soumis à la CSG.
Ce cadre permet de maintenir une cohérence dans la participation des entreprises au financement du système social.

2. Les rémunérations intégrées dans l’assiette du forfait social

L’L’épargne salariale constitue le premier domaine concerné. Lorsqu’une entreprise verse de l’intéressement, de la participation ou un abondement sur un Plan d’Épargne Entreprise (PEE) ou un Plan d’Épargne Retraite Collectif (PER Collectif/PERO), ces montants entrent dans l’assiette du forfait social, sauf exceptions d’exonération liées à l’effectif. Les contributions patronales versées dans les dispositifs de retraite supplémentaire collective (régime à prestations définies ou à cotisations définies) sont également concernées.

Seule la prévoyance collective (incapacité, invalidité, décès) peut être soumise au forfait social pour la part patronale, car elle remplit les critères : exonérée de cotisations sociales mais soumise à la CSG.
La contribution patronale aux frais de santé (complémentaire santé/mutuelle) est également soumise au forfait social, au taux de 8 % (pour les entreprises d’au moins 11 salariés), car elle est exonérée de cotisations sociales mais soumise à la CSG.

Depuis la loi PACTE (2019), des exonérations significatives ont été mises en place pour encourager les petites structures :

  • Intéressement : exonéré du forfait social pour les entreprises de moins de 250 salariés.
  • Participation et abondement PEE / PER Collectif : exonérés du forfait social pour les entreprises de moins de 50 salariés.

Enfin, certains versements spécifiques demeurent concernés mais relèvent de contributions patronales spécifiques distinctes : jetons de présence, contributions de retraite supplémentaire ou rémunérations versées aux mandataires sociaux. Depuis le 1ᵉʳ septembre 2023, les indemnités de rupture conventionnelle (pour la fraction exonérée de cotisations sociales) relèvent d’une contribution unique patronale de 30 %, distincte du forfait social habituel.

3. Calcul du forfait social : comprendre les différents taux

Le calcul du forfait social repose sur des taux variables qui dépendent du type de versement et du respect des conditions d’exonération. Il est essentiel de distinguer le forfait social des contributions patronales spécifiques.

A. Le taux de droit commun du forfait social (20 %)

Le taux de 20 % constitue la règle générale du forfait social et s’applique aux entreprises non exonérées :

  • Sur l’intéressement (entreprises de 250 salariés et plus).
  • Sur la participation et l’abondement PEE / PER Collectif (entreprises de 50 salariés et plus).
  • Sur les contributions patronales de retraite supplémentaire.
  • Sur certaines contributions patronales de prévoyance complémentaire lorsque la prévoyance ne remplit pas les conditions du taux de 8 %.

B. Les taux applicables selon les dispositifs

1. Taux réduits liés à l’épargne salariale

TauxDispositif concernéCondition
0 %IntéressementEntreprises < 250 salariés
0 %Participation & Abondement PEE / PER CollectifEntreprises < 50 salariés

2. Taux spécifique appliqué à la prévoyance

TauxDispositif concernéCondition
8 %Contributions patronales de prévoyance complémentaire (incapacité, invalidité, décès)Lorsque soumise à CSG et exonérée de cotisations sociales

Le taux de 8 % s’applique aux contributions de prévoyance lourde, quel que soit l’effectif. Il s’applique également aux contributions de complémentaire santé, mais uniquement dans les entreprises de 11 salariés et plus (exonération totale en dessous de ce seuil).
Ce taux ne s’applique jamais au PER Collectif.

3. Taux spécifique sur le PER Collectif (selon placement)

TauxDispositif concernéCondition
16 %Abondement PER Collectif (PERCO / PERCOL)Si l’épargne est investie dans un fonds solidaire ou un fonds PME/innovation
20 %Abondement PER CollectifSi les conditions du taux 16 % ne sont pas remplies

C. Les contributions patronales spécifiques (hors forfait social)

TauxDispositif concernéDétail
30 %Rupture conventionnelleSur la part exonérée de cotisations sociales (depuis 1er septembre 2023)
30 %Actions gratuites & stock-optionsContribution patronale spécifique sur la valeur des actions/options

4. Déclaration du forfait social dans la DSN

L’employeur déclare le forfait social chaque mois via la DSN. Le logiciel de paie calcule automatiquement la contribution dès lors que les assiettes sont correctement paramétrées.
L’URSSAF se charge du recouvrement pour les entreprises du régime général, alors que la MSA s’occupe des employeurs agricoles. Cette centralisation simplifie le traitement administratif. Sur le bulletin simplifié remis au salarié, le forfait social n’apparaît jamais en tant que ligne dédiée. Il est intégré automatiquement dans la rubrique « Autres contributions dues par l’employeur ». Les versions internes du bulletin ou les états de charges comptables peuvent toutefois afficher le détail afin d’assurer le suivi administratif ou budgétaire.

5. Pourquoi le forfait social est-il indispensable ?

Le forfait social répond d’abord à un objectif d’équité. Sans cette contribution, certaines formes de rémunération bénéficieraient d’un avantage disproportionné en matière de cotisations. En réintroduisant une participation financière de l’employeur, le dispositif rétablit un équilibre entre les différents leviers de rémunération.
De plus, une partie importante du financement de la protection sociale provient aujourd’hui du forfait social. Il alimente les branches maladie, vieillesse, allocations familiales et les dispositifs de solidarité.
Enfin, les taux réduits accordés aux petites entreprises jouent un rôle d’incitation. Ils encouragent le développement de l’intéressement, de la participation et de la prévoyance collective, même dans les structures où ces dispositifs n’étaient historiquement pas présents.

Conclusion : sécuriser le calcul du forfait social pour éviter tout risque URSSAF

Le calcul du forfait social représente un point clé de la gestion de la paie. Les dispositifs concernés sont nombreux, les taux variables et les exonérations fréquentes. Une mauvaise application peut avoir des conséquences financières immédiates, mais aussi des effets cumulés lors d’un contrôle URSSAF.
Pour les gestionnaires de paie, les dirigeants, les cabinets comptables ou les responsables RH, une maîtrise rigoureuse de ces règles permet de réduire les risques, d’optimiser les charges et de structurer une politique de rémunération conforme et attractive. Dans un contexte réglementaire qui évolue régulièrement, la sécurisation de ces calculs constitue un véritable enjeu opérationnel.

6. Questions fréquentes sur le calcul du forfait social

Une série de questions revient régulièrement parmi les employeurs et les services RH :

Le forfait social est-il déductible du résultat fiscal ?

Oui, il s’impute comme n’importe quelle charge patronale.

Que se passe-t-il en cas d’erreur ou d’absence de déclaration ?

L’URSSAF applique des majorations de retard et peut engager un redressement couvrant plusieurs années.

Les indépendants ou micro-entrepreneurs sont-ils concernés ?

Non, seuls les employeurs versant des rémunérations soumises à la CSG le sont.

Les associations doivent-elles s’en acquitter ?

Oui, dès lors qu’elles rémunèrent des salariés et versent des montants entrant dans l’assiette du forfait social.

Sources :

https://www.urssaf.fr/accueil/employeur/cotisations/liste-cotisations/forfait-social.html

https://boss.gouv.fr/portail/accueil/regles-dassujettissement/assiette-generale.html#400

https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000038610242

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Maxence Delourme Directeur

Passionné par la finance et la gestion d'entreprise, je suis le directeur d'ARTEA AUDIT, une entreprise spécialisée dans l'analyse et l'optimisation des cotisations sociales URSSAF et MSA.

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